Epigraphie immobilière parisienne

 

« Depuis le temps que je passe dans le coin, j'eusse dû la remarquer. Peut-être l'avais-je déjà vue, une incompréhension de sa signification fit que je ne la retins pas. Cette fois son impact fut suffisamment fort pour que je fusse amené à vouloir rendre compte de son énigme.

Il s'agit d'une plaque commémorative de marbre blanchâtre aux caractères sombres. Elle est fixée, au coin de la rue Vivienne et de la rue Des-Petits-Champs, sur un mur qui appartient à la Bibliothèque Nationale. La mention qu'elle porte dit: Cette plaque a été posée le 19 décembre 1953.

Elle ne comporte pas d'autres indications. L'absence du pourquoi m'a immédiatement agité. Quel sens peut avoir une plaque commémorative qui ne renvoie à aucun événement, sauf à celui de sa fixation? L'absurde est titillé.

On peut imaginer qu'il y avait précédemment une autre plaque que justifiait celle qui reste, mais je n'en ai pas l'impression. Il y a bien l'ombre d'une autre plaque, je ne crois pas me tromper en pensant qu'elle était celle ancienne de la rue, elle a été remplacée par la nouvelle, qui répond aux nouveaux critères que la municipalité de Paris a, il y a quelque temps, déterminés.

Alors, que veut dire cela? On peut encore imaginer qu'elle est le résultat d'une plaisanterie. Cela est possible. On peut aussi penser qu'elle est le fait d'un acte artistique, mais elle ne possède pas de signature. On pourrait concevoir en dernier ressort qu'elle soit le résultat d'un acte de pré-banalyse.

L'énigme reste entière et cela me plaît. Quelque chose qui ne soit pas réductible de prime abord à l'explication me réjouit, bien que je sache qu'une volonté se cache ici derrière le mystère. »

Voilà ce que je disais en substance, dans un petit papier que j’envoyais à des correspondants. J’avais dû remarquer la plaque en septembre ou octobre de l’année 2001.

 

 

Il fallait s’y attendre, la plaque de la rue Vivienne, au coin de la rue des Petits-Champs, en cachait d’autres obéissant semble-t-il au même esprit.

Le 18 janvier 2002, je recevais de Béatrice Dunner une note découpée dans le journal du 18e arrondissement, Le 18e du mois. Elle était accompagnée de la photographie d’une plaque, scellée au 43 rue Clignancourt, sur laquelle on lisait : Le 17 avril 1967, ici, il ne s’est rien passé. Cette plaque était de même type que celle de la rue Vivienne. Faute d’élément la note n’apportait rien de plus que le constat, mais ajoutait : Il paraît qu’il y en a d’autres du même genre dans Paris. Cette plaque avait, à vue d’œil, les mêmes dimensions que celle de la rue Vivienne, sa présentation était semblable.

Le 9 février, je recevais une carte postale de Thierri Foulc. Il m’y disait : Amateur de plaques murales, tu devrais te rendre au numéro 20 rue du Banquier dans le 13e arrondissement de Paris. Je ne t’en dis pas plus. J’y courus l’après-midi et trouvai une plaque qui portait la même affirmation que celle du 43 rue de Clignancourt : Le 17 avril 1967, ici, il ne s’est rien passé. Une même personne devait en être à l’origine.

Le 15 février, une lettre de Joël Gayraud me parvenait. Il avait découvert une plaque, deux ou trois jours avant de recevoir mon papier sur celle du 19 décembre 1953 et elle portait la même inscription que cette dernière. Elle était fixée sur l’immeuble du 22 rue Mathis dans le 19e arrondissement, à proximité de la station de métro Crimée.

Petit à petit une constellation se formait. Il y avait un individu (ou plusieurs) qui avaient décidé de ponctuer Paris de plaques perversement commémoratives. Il m’a paru que les lieux étaient choisis pour leur banalité et les dates pour leur insignifiance. Il ne fallait donc pas y chercher un quelconque sens. Je pensais que la prédétermination de l’acte pouvait reposer sur l’absence de raisonnement, a priori un lieu était élu pour sa commodité à recevoir une plaque ; une date pouvait être inscrite sans raison. J’avance seulement des impressions, peut-être que l’avenir me donnera tort, puisqu’il est probable que le serial plaqueur a déjà frappé ailleurs ou frappera encore.

 

Les découvertes ne s’arrêtèrent pas là. Le 24 février, faisant la queue à une boulangerie située près d’une entrée du métro Jourdain, j’avisai, de l’autre côté de la rue, une plaque que je n’arrivais pas à lire. Mon pain acheté, je traversai la rue et lus ceci : Karima Bentiffa, fonctionnaire, a habité dans cet immeuble de 1984 à 1989. Cette plaque était apposée sur la maison du 143 rue de Belleville. Elle était du même faux marbre que les autres, ses dimensions étaient identiques et les caractères des lettres semblables. Il n’y avait aucun doute, elle faisait partie de la série.

 

Deux semaines plus tard, le 10 mars, je décidai d’aller photographier la plaque que Joël Gayraud m’avait signalée rue Mathis. Après avoir pris le cliché, je poursuivis ma promenade dans un quartier que je connaissais peu. J’empruntai la rue Riquet qui me mena à la rue Marcadet, au 46 de cette rue, je remarquai une plaque, je m’approchai et découvris cette inscription : Louise Lavierge, mère de famille, est née dans cet immeuble, en 1952. Même faux marbre, mêmes dimensions, mêmes caractères. L’entreprise était bien plus conséquente que je me l’imaginais. Le souvenir me revins d’avoir remarqué cette dernière plaque, il y a environ un an en passant dans cette rue.

Ce réseau de signalisations lève plusieurs questions. Ces plaques sont-elles le fait d’une même personne, d’un même groupe ou de personnes différentes ? Je les ressens comme ayant une origine unique, bien que je voie dans les deux dernières plaques, Karima Bentiffa et Louise Lavierge, un esprit légèrement différent. Elles commémorent des faits profondément ordinaires par des personnages qui le sont autant. Leur charge ironique n’existe qu’au premier degré. Tandis que les deux autres inscriptions, 19 décembre 1953 et 17 avril 1967, renvoient à un absurde plus profond, à une dérision ouverte. On pourrait donc être amené à penser que deux esprits en sont les facteurs, mais il n’en ressort aucune certitude.

Une autre question se pose : quelle est la motivation du scellement de ces plaques ? Un acte poétique ou artistique pourrait être la réponse, même si l’auteur, ou les auteurs, n’ont cherché qu’à commettre de simples plaisanteries. De toute manière, ces plaques écornent le réel sociologique, il est donc probable qu’elles sont la traduction d’une réflexion sur les signes urbains.

Je pense que d’autres plaques sont encore disséminées dans Paris, elles finiront bien, avec le temps, par remonter à la surface. On peut aussi imaginer que la pose de ces plaques s’est déroulées au cours de plusieurs années et qu’elle n’est pas terminée, on peut donc s’attendre à ce que d’autres fleurissent. Il est possible aussi que ce ne soit pas l’initiateur qui poursuive le jeu, d’autres personnes pourraient prendre le relais, ainsi que cela c’est passé pour les tags. Ces plaques sont dotées d’un fort potentiel d’imitation. Elles se nourrissent de l’anonymat, d’autant plus que certaines citent des noms fictifs. Mais rien ne peut déterminer pour l’instant que le serial plaqueur fasse des émules.

 

Je n’ai pas encore trouvé le temps de taper ce texte. Il se fait au fur et à mesure que les éléments me parviennent. Les apports ne tranchent pas radicalement avec ce que j’ai déjà formulé, mais ils me permettent d’ajuster ma lentille. De nouveaux détails éclairent la figure. Deux jours plus tard, le 19 mars, d’autres indices apparaissaient.

J’ai interrogé l’annuaire électronique du téléphone pour voir si les noms des personnes des immeubles dotés d’une plaque pouvaient ouvrir une voie. Au 22 rue Mathis, je suis tombé sur une société du nom d’Epistémè, l’appellation m’a plu, j’ai pensé que derrière un tel nom il y avait sans doute de la science. Je téléphonai. La personne qui me répondit, Jean-François Comte, me dit qu’il ignorait qui avait posé la plaque, que la copropriété avait décidé de la conserver sur la façade. Il m’annonça aussi que Télérama avait publié un article sur les plaques, il allait me l’envoyer. En outre, il connaissait une autre plaque sise rue du Rocher, dans le 8e arrondissement.

En fin d’après-midi, je me rendis rue du Rocher. La plaque se trouvait au 47 bis. Il y était écrit : Jérôme Bozel, plombier, a vécu dans cet immeuble de 1972 à 1979. Cette inscription procède de celle du 143 rue de Belleville. Les plaques semblant pour le moment aller par deux, je dois m’attendre à en trouver une qui dira : X, profession, est né(e) dans cet immeuble en X.

Un troisième nom apparaît, a priori aussi peu attribuable que les deux autres. J’en infère un roman potentiel : Jérôme Bozel[1] aurait rencontré Karima Bentiffa et j’imagine une plaque sur un immeuble qui dirait : Karima Bentiffa et Jérôme Bozel  se sont rencontrés dans cet immeuble le tant de tel mois et de telle année.

 

Le lendemain, je recevais l’article de Télérama que Jean-François Comte m’avait annoncé. Il datait du 12 septembre 2001. L’article n’était en fait qu’un entrefilet qui signalait la plaque Jérôme Bozel, en ajoutant qu’il y avait eu une semblable au 26 rue de la Chaise dans le 7e arrondissement, mais qu’un des occupants de l’immeuble avait retirée. L’article disait aussi que les deux plaques étaient apparues fin juin.

Il y avait donc bien eu une deuxième plaque Jérôme Bozel. J’ai supposé que l’auteur doublait les scellements pour avoir une chance sur deux qu’une plaque reste. Ainsi, il y aurait une autre plaque Karima Bentiffa et une autre Louise Lavierge dans Paris, à moins qu’elles n’aient été enlevées. On peut supposer encore qu’aucune des autres plaques posées en double n’ait subsisté. La plupart des idées que j’avance sont des suppositions et j’ignore ce qu’il en restera plus tard. J’ai la conviction que l’auteur (ou les auteurs) de ces plaques sont conscients des déploiements d’hypothèses qu’ils entraînent chez les gens qui s’interrogent sur leur épigraphie. Je ne dois pas être le seul à avoir tenté l’établissement d’un recensement.

Peut-être est-ce l’esprit de collection qui me mène. Je ne sais pas si la reconnaissance de l’ensemble des plaques aura une conclusion franche. Mon but serait de les repérer toutes. Cela ne se fera pas si une prolifération se produit. Il est certain aussi que j’ai  l’espoir secret de connaître la personne qui a mis le processus en route. Il fait d’une manière écho à mes pratiques  puisque, comme lui, je sème des signes. Je l’imagine, en ce moment, en train d’écrire, dans un carnet, des considérations sur les plaques et leurs impacts dans l’esprit des personnes qui les prennent en considération.

 

Le soir même, dans un café, je rencontrais Patrick Viret qui me dit connaître l’existence de deux plaques, l’une rue Bonaparte et l’autre rue Saint-Blaise.

Le lendemain, muni d’un appareil photographique, je suis allé prendre des photos. Je connaissais la chanson de la première, située au 7 rue Bonaparte (6e). Elle disait : Cette plaque a été posée le 9 décembre 1953. J’avais écrit, la veille, que les plaques allaient probablement par deux. Je me trompais déjà. Une était tirée à trois exemplaires.

Je me rendis ensuite rue Saint-Blaise dans le 20e arrondissement. En réalité, la plaque était fixée sur la maison du 3 place des Grès, petite place qui est coupée par la rue Saint-Blaise. Le texte m’était aussi connu : Louise Lavierge, mère de famille, est née dans cet immeuble en 1952. L’incongru de l’affirmation était que cette brave femme était née dans des maisons distantes de quelques kilomètres l’une de l’autre. Du fait que cela est écrit sur une plaque, il y a sûrement des gens prêts à le prendre pour argent comptant.

 

Au cours des semaines durant lesquelles les informations sur les plaques me parvenaient, je fis un jour une recherche, concernant un autre domaine, à la Bibliothèque Nationale, j’eus alors la curiosité d’interroger le catalogue afin de faire ressortir les ouvrages sur les plaques commémoratives. J’en trouvais quelques-uns uns concernant Paris et les demandais en consultation. Le plus intéressant était le Guide des plaques commémoratives sur les murs de Paris d’Alain Dautriat, livre récent, il datait de 1999, mais il ne portait pas mention des plaques que j’avais relevées. Par contre, il faisait état des textes législatifs concernant les plaques. Ceux-ci étaient fort savoureux. Ils précisaient les dimensions d’une plaque, Longueur 0,m40, largeur 0,m30, épaisseur 0,m032. Un des textes précisait : Les plaques seront apposées sur les murs au moyen de quatre scellements à tige, formant clou carré à pointe de diamant en bronze à la surface de la plaque, dont la partie visible sera de 0,m018 x 0,m018. Elles seront apposées à une hauteur minime de 1,m60 au-dessus du sol. Les lettres seront gravées dans un marbre de couleur uniforme (blanc ou gris) ou blanc légèrement veiné. Les plaques qui me sollicitent semblent se conformer à ces dispositions ; pas une pointe de diamant  ne dépasse.

L’auteur ajoute que le décret n° 68-1052 du 29 nov.1968 constatant que beaucoup d’hommages publics concernent des citoyens dont les mérites ne possèdent pas le caractère élevé et nécessairement exceptionnel qui les rend dignes d’un témoignage officiel, abroge les précédents décrets et prévoit qu’aucun hommage public ne peut être décerné sans autorisation préalable, donnée par arrêté préfectoral. L’auteur, ou les auteurs, des plaques s’étant tenus à la description qu’en donnent les textes, il est fortement probable qu’ils avaient continué à les suivre à la lettre, en demandant au préfet les autorisations d’apposition. Il est tout à l’honneur de ce dernier d’avoir estimé que Louise Lavierge, mère de famille et Karima Bentiffa, fonctionnaire, méritaient d’être rendus dignes d’un témoignage officiel.

 

Il est à prévoir que, très vite, cette dissémination de plaques dans Paris – rien ne me dit qu’il n’y en a pas non plus en banlieue – sera considérée comme un acte artistique. Le beau prétexte. La récupération est inéluctable. Or, ce qui estampille l’œuvre d’art est la signature. Ces plaques n’en portent pas, elles sont de simples marques de la tautologie du réel. Elles vont probablement entamer un processus de fétichisation. Certaines pourraient être démontées et se retrouver sous vitrine. J’imagine, dans un musée en ruine du futur, une de ces plaques signalée par un carton : Anonyme, tournant des XXe et XXIe siècles – Paris. Marcel Duchamp poussa le jeu en signant des objets du commerce sans les altérer, mais il y apposait sa signature. Ici l’acte n’est pas revendiqué et il ne peut pas l’être sans supprimer sa signification. L’auteur (même s’ils sont plusieurs) est condamné à l’anonymat, à être aussi bien Louise Lavierge que Jérôme Bozel.

 

Par la suite la découverte de plaques se firent plus rares.

Au mois de mai, Joël Gayraud m’envoya une carte dans laquelle il me disait être tombé sur une plaque au 19 de la rue Alexandre Parodi, dans le 10e arrondissement, sur laquelle il était écrit : Ronald Judd, célibataire, a reçu dans cet immeuble de 1969 à 1996.

On peut relever que la rue porte, en partie, le nom de Parodi et y voir un clin d’œil. On peut aussi remarquer qu’il y a un artiste américain qui a pour nom Donald Judd. Est-ce volontaire ? La question reste en suspend.

Au mois de juin je découvrais une nouvelle plaque. Venant de la rue Trudaine, je pénétrai dans la rue Rodier, au 53, au niveau du premier étage, je vis une plaque et je m’approchai pour la lire : Ici vécut, Hisayoshi Nagashima. Promoteur Fondateur de l’école internationale de TANKA. Commandeur de l’Ordre National du Trésor Sacré (Japon). 1943-1973.

Le format, les caractères, le faux-marbre, et la situation au premier étage de la plaque correspondaient à celles sur lesquelles j’avais fixé mon attention. Mais, le style plus bavard échappait à la concision habituelle. En sus, le texte pouvait traduire des faits avérés. Si je n’avais pas parcouru le chemin des signalisations ludiques précédentes, je pense que je n’aurais pas douté de ce qui s’affirmait là. J’étais incapable de trancher : cette plaque faisait-elle partie de la série, ou bien le promoteur de la plaque biaisée avait-il poussé le vice à produire un libellé dont, sans la connaissance des libellés déjà repérés, on ne soupçonnerait pas la sincérité ? Peut-être était-ce moi maintenant qui fabulais ?

Dans le texte de la plaque, il y des éléments qui m’apparaissent saugrenus. Le tanka est une forme de poésie japonaise qui s’apparente au haïku, elle est bien antérieure à ce dernier. Il est donc curieux que Hisayoshi Nagashima soit déclaré fondateur, mais il s’agit de l’école internationale. En outre, je vois très mal ce Monsieur venir, en plein Paris occupé, en 1943, pour promouvoir sa poésie. Il nécessite que je vérifie que Monsieur Hisayoshi Nagashima[2] a une renommée et que l’Ordre National du Trésor Sacré existe bien au Japon.

                                                                (à suivre)

 

                                                            Jean-Pierre Le Goff

 

Suite :

Dans la période qui suivit, j’ai eu connaissance de l’existence d’une nouvelle plaque, en moyenne, une fois par mois.

Au mois de juillet, ce fut Martine Amalvict qui me montra la photographie d’une plaque, publiée sous la rubrique La Photo du mois, dans Paris-le-Journal, publication éditée par la municipalité. Cette plaque portait l’inscription : Ici le 17 avril 1967 il ne s’est rien passé. Elle était située 14 rue Sidi-Brahim dans le 12e arrondissement.

Au mois d’août passant par la rue de Fourcy, dans le 4e arrondissement, j’aperçois, au 25 rue Charlemagne, au coin de la rue des Nonnains d’Hyères, une plaque : Cette plaque a été posée le 19 décembre 1953.

Au mois de septembre, c’est Fanny Viollet qui me signala rue Saint-Sauveur, au coin de la rue Montorgueil (2e), la plaque : Karima Bentiffa  fonctionnaire a vécu dans cet immeuble de 1984 à 1989.

Au mois d’octobre, au 37 rue Turbigo (3e), je remarque la plaque : Pierre Salatier programmeur est né dans cet immeuble le 12 août 1976. Je suis traversé par l’idée que le poseur de plaques pourrait avoir la tentation de mettre son véritable nom justifiant un fait réel qui le concerne sur une de ces plaques qu’il dissémine dans Paris. Je ne pense pas que ce soit le cas ici. Aucun Salatier n’est recensé dans l’annuaire téléphonique. Salatier doit être la transformation de Sabatier.

  

Peu de temps après, je suis repassé rue Vivienne, là où je découvris la première plaque de celles qui constitueraient par la suite un réseau. On se souvient qu’elle disait : Ici le 17 avril 1967 il ne s’est rien passé. Le soleil brillait et éclairait la plaque. Je remarquai ses arêtes qui présentaient des petites marques sombres, il me sembla que c’était de légères tache de rouille. Je regardai plus précisément la plaque et m’aperçus qu’elle opérait un très léger gondolement, qui laissait voir l’épaisseur d’un film transparent parsemé de vésicules d’air. Je compris que je m’étais trompé : j’ai d’abord donné la matière de la plaque comme marbre, puis j’ai employé le terme de faux-marbre et je pense maintenant que c’est un faux faux-marbre, une sorte de fer-blanc monté en parallélépipède creux et peint en trompe l’œil. Les mentions ne sont pas les seules à être fictives, les plaques aussi sont de nature simulatrice[3].

  

Entre-temps, j’avais envoyé une version du texte à Télérama afin de prendre date dans la révélation de la configuration qui, je le pensais, ne tarderait pas à être signalée dans les médias. Je ne sais ce qui s’est passé, mais mon courrier ne parvint pas au destinataire, plus d’un mois plus tard, je lui envoyai un double du texte. Lorsqu’il le proposa à la publication, la veille au soir, une chaîne de télévision avait traité du sujet, ainsi l’article ne fut pas publié.

Rémi Schulz m’offrit alors d’héberger mon texte sur son site. Vous y êtes puisque vous le lisez. D’autres développements viendront par la suite et peut-être pourrez-vous y contribuer.

 

Dernier état :

54-56 rue Richer : "Louise Lavierge…

43 rue de Clignancourt : "Le 17 avril 1967 …

17, rue du Jour : "Pierre Salatier, programmeur…

? rue Pérignon dans le 7e : ?